Rares sont les cinémas qui parviennent à leur centenaire. Le 6 octobre 2021, le Louxor a atteint cet âge respectable et cette place enviée. Pourtant, la route n’a pas été facile, et de nombreuses péripéties ont émaillé un parcours fait de moments festifs et d’autres douloureux. Combien de fois n’a-t-il failli disparaître sous la pioche des démolisseurs, avant que l’union des habitants du quartier et de la municipalité de Paris ne parvienne à le sauver ? C’est cette longue route que nous vous invitons à reparcourir – ou à découvrir – grâce à cette chronologie illustrée, dont les liens vous ouvriront quantité d’articles détaillés sur les décors, les personnages et les événements qui ont jalonné son existence. Longue vie au Louxor !
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Archives de catégorie : Histoire du Louxor
Amédée Tiberti (1883-1978), peintre décorateur
Article mis à jour le 30 avril 2024
Voilà qu’une trouvaille inespérée est venue enrichir notre collection d’archives sur l’histoire et la construction du Louxor. Paul Marchio, collectionneur de cartes postales anciennes, nous a signalé qu’il avait trouvé dans une brocante à Antibes une carte-photo montrant trois hommes et un enfant devant la porte-cochère de l’atelier d’Amédée Tiberti, le peintre qui réalisa en 1921 les décors au pochoir du porche et de la salle du Louxor. Nous avons aussi trouvé récemment des précisions sur certains aspects de son activité, ce qui nous incite donc à publier une nouvelle version d’un premier article paru en 2012. Puis en avril 2024, la consultation de son dossier de naturalisation a permis une nouvelle mise à jour.
Le Louxor a fêté son centième anniversaire
Le 6 octobre 2021, le Louxor a fêté son centième anniversaire au cours d’une soirée très chaleureuse dans une salle archi pleine. Le plaisir de se retrouver dans le cadre magnifique de la salle Youssef Chahine était palpable, surtout après des mois de fermeture puis d’incertitudes sur les conditions de la reprise et le retour des spectateurs.
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Une vue inconnue du Louxor en 1929
Les images du Louxor pendant les premières années de son existence sont rares. Mais quand on en trouve, il est relativement facile de les dater, car les photos de façades de cinéma sont des documents parlants. En effet, contrairement à des clichés de monuments historiques ou de paysages, ils sont datables grâce aux affiches des films programmés : même si c’est au prix de longues recherches, il est possible de retrouver les dates de passage d’un film donné.
Desperately looking for Henri Silberberg…
L’aventure cauchoise d’Henri Silberberg, premier directeur du Louxor
Hommage à Xavier Delamare
Nous venons seulement d’apprendre avec peine le décès de Xavier Delamare survenu le 18 janvier 2016. Nous l’avions rencontré pour la première fois en 2010 pour recueillir ses souvenirs du Louxor. Ce passionné des salles de cinéma les connaissait toutes, après avoir sillonné Paris et l’Île de France lorsqu’il travaillait pour la société Batido, qui commercialisait les glaces et les Eskimos vendus à l’entracte. Au début des années 80, conscient que la plupart de ces salles allaient disparaître, il prit des photographies.
Ainsi en fut-il du Louxor, qu’il photographia en novembre 1982, un an avant la fin de son exploitation par Pathé. Ses photos constituent un témoignage unique de l’histoire de ce cinéma. Il est notamment le seul – à notre connaissance – à avoir photographié le second balcon du Louxor dans son état d’origine, ou le local des ouvreuses. Nous avons rassemblé dans une galerie les images qu’il avait eu la gentillesse de mettre à notre disposition – celles du Louxor mais aussi de quelques autres salles de quartier, la plupart disparues.
Francis Lacloche, historien de l’art, fondateur de l’association Eldorado1 , et qui organisa en 1983 l’exposition « Le cinéma dans ses temples », avait bien connu Xavier Delamare. Il nous a adressé l’hommage amical que nous publions ici.
XAVIER DELAMARE
Quand j’ai commencé vers 1978/79 à traquer les anciennes salles de cinéma dont l’architecture témoignait de leur histoire mouvementée et de l’admirable mauvais goût de ses créateurs, je n’ai pas tardé à trouver sur ma route la frimousse charmeuse et lucide de Xavier. Grâce à lui je découvrais des pépites abandonnées dans les faubourgs parisiens et des trésors en banlieue. Nous croisions des personnages improbables dont il respectait la candeur et la passion tout en s’amusant des travers désuets de ce petit monde capable d’une étonnante résistance.
Ce monde n’a pas résisté aux coups de pioche indispensables à l’essor glorieux des grandes surfaces et au déferlement terriblement rationnel des multisalles. Quelques merveilles, tel le Louxor, ont résisté, ayant bénéficié d’un classement improbable et de l’étonnante énergie de ses voisins au point qu’elle ait encouragé la Ville de Paris à en assurer la sauvegarde, la restauration et une nouvelle vie.
Le temps a passé, je n’ai plus guère croisé Xavier que de temps à autre : il luttait avec courage et humour contre une terrible maladie qui n’entamait pas son humour et sa bonne humeur. Maintenant qu’il nous a quitté il me reste le souvenir émouvant de nos relations qui furent toujours enrichissantes et réjouissantes : il disposait de cette dose indispensable de naïveté et de clairvoyance que je conserverai toujours parmi les amis essentiels de mon étrange quête en faveur des cinémas du monde entier.
© Francis Lacloche
Note
1- L’association Eldorado a mené, au début des années 80, une action en faveur des salles de cinéma menacées de disparition. Une exposition « Le Cinéma dans ses temples » a été organisée en 1983 à Paris et Bordeaux. En 1981, à l’instigation de Francis Lacloche, Jack Lang, ministre de la Culture, inscrit plusieurs salles – le Louxor, l’Eldorado, le Rex et la Cigale – à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, permettant à ces salles d’échapper au risque d’une démolition (ou d’une défiguration) ultérieure.
Photos de Xavier Delamare
Quelques salles parisiennes au début des années 80
Les photos présentées dans cette galerie, à l’exception des trois dernières, qui datent de 2009, ont été prises par Xavier Delamare au début des années 1980. Les quinze premières présentent le Louxor à la fin de 1982, un an avant sa fermeture et son abandon pendant 30 ans. Les autres montrent quelques cinémas parisiens dont beaucoup, à une époque où les salles de quartier fermaient les unes après les autres, s’étaient orientés vers les films d’action, le cinéma indien, ou le cinéma pornographique.