23 mai 2011 : cérémonie à la mairie du Xe
Du 12 au 18 septembre 1924, le film Le Chiffonnier de Paris était projeté au Louxor. Dans un article précédent, «Au temps du muet II. Les métamorphoses du Chiffonnier de Paris», Nicole Jacques-Lefèvre avait présenté la «destinée complexe» de ce mélodrame et évoqué la personnalité de son auteur, Félix Pyat (1810-1889), dont s’étaient inspirés successivement les réalisateurs de films Émile Chautard (1913) et Serge Nadejdine (1924).
Pour le cent quarantième anniversaire de la « Semaine sanglante » (22-28 mai 1871), pendant laquelle plus de 17 000 Communards furent massacrés par les troupes versaillaises, envoyées par Thiers pour écraser la Commune parisienne, la Mairie du Xe a fait inscrire, sur la plaque portant les noms des élus de l’arrondissement, ceux qui y siégèrent pendant la Commune.
Le 23 mai, le dévoilement a donné lieu à une petite cérémonie, à laquelle participaient le maire, Rémi Féraud, et les élus de l’arrondissement, Jeannine Christophe , présidente d’Histoire et Vies du 10e, et Jean-Louis Robert, président des Amis de la Commune :
Le cinquième nom inscrit est celui de Félix Pyat :
En 1871, Félix Pyat fonda le journal Le Vengeur, bientôt interdit par le gouverneur militaire de Paris puis rétabli pendant la Commune, comme le rappelle cette affichette visible en ce moment au Réfectoire des Cordeliers à Paris, à l’occasion de l’exposition « 1871, La Commune de Paris : une histoire moderne ».
Félix Pyat participa aussi à la Commission exécutive du Conseil de la Commune, ainsi qu’à celle des Finances et au Comité de Salut Public. Plusieurs affiches présentées à l’exposition des Cordeliers illustrent sa participation active à l’exécutif de la Commune, comme le décret ci-dessous, datant d’avril 1871.
Il fut épargné par la Semaine sanglante et put gagner Londres, mais il fut condamné par contumace le 28 mars 1873 à la peine de mort par le conseil de guerre. Il ne reviendra en France qu’après l’amnistie de 1880.
Il sera élu sénateur du Cher en 1887, puis député des Bouches-du-Rhône en 1888.
La riche exposition des Cordeliers permet aussi de découvrir un portrait de Félix Pyat peint par Edouard Chantalat en 1888 , un an avant sa mort.
Son rôle d’élu de l’arrondissement du Louxor pendant la Commune ne pourrait-il être une raison supplémentaire d’y projeter Le Chiffonnier de Paris ?
© Nicole Jacques-Lefèvre | Les Amis du Louxor