Visite de chantier du lundi 21 novembre 2011 sous la conduite d’Alexandre Gourdel, puis réunion d’information au Centre Barbara Fleury Goutte d’Or, animée par Eric Lejoindre, premier adjoint du maire du XVIIIe arrondissement, avec la participation de Carine Rolland, adjointe au maire du XVIIIe chargée de la culture, de Michel Gomez, délégué général de la Mission Cinéma de la Ville de Paris, et de Philippe Pumain, architecte responsable du projet.
Toutes les photos du chantier qui illustrent cet article ont été prises pendant la visite du 21 novembre.–
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Réunion publique au Centre Barbara
Grosse affluence pour cette première réunion publique dans le XVIIIe consacrée au projet Louxor. Eric Lejoindre, premier adjoint au maire du XVIIIe, rappelle l’intérêt que suscite dans cet arrondissement la renaissance du Louxor qui va améliorer la qualité de vie des habitants du quartier mais aussi au delà, puisque ce lieu a vocation à attirer un vaste public.
–I. Intervention de Michel Gomez
La Ville, par l’intermédiaire des élus et de la mission cinéma, a adopté la même démarche dans les trois arrondissements (IXe, Xe, XVIIIe) directement concernés par le projet : depuis le début des travaux, elle informe, communique, réagit aux interpellations et aux demandes. Des visites de chantier sont organisées à intervalle régulier.
Michel Gomez rappelle que l’ouverture du cinéma est prévue pour le 1er semestre 2013.
La procédure de sélection du futur exploitant dans le cadre d’une délégation de service public est déjà engagée : la Ville de Paris a pris en charge la réhabilitation du bâtiment et en confiera la gestion à un exploitant privé. Michel Gomez fait remarquer qu’aucun exploitant privé n’aurait pu réaliser une rénovation de cette ampleur : c’est un enjeu urbanistique (transformation attendue de l’environnement de Barbès), mais aussi un enjeu patrimonial et cinématographique. Ce projet est donc un geste politique, architectural et culturel.
Les candidats seront sélectionnés sur la base de certains critères bien précis (lire aussi à ce sujet notre article Quel projet culturel pour le Louxor ?)
Actuellement la phase de pré sélection est engagée : il s’agit de retenir les candidats éligibles, c’est à dire ceux dont on considère qu’ils ont la capacité, notamment financière, de porter un tel projet.
A l’issue de cette première étape, un certain nombre de candidats seront retenus ; un dossier de consultation leur sera alors remis qui leur permettra de construire leur proposition sur la base d’un cahier des charges.
Les critères de sélection sont multiples : le futur exploitant sera responsable de sa gestion ; il devra dégager ses ressources propres et savoir concilier qualité de la programmation et nécessité d’un équilibre financier. Le « mieux disant » local sera important, c’est à dire la capacité du responsable à favoriser l’intégration du lieu dans le quartier.
Le candidat ne pourra pas se contenter de déclarations d’intention. Il devra expliquer ses choix de manière extrêmement précise, notamment en matière de politique tarifaire, ou d’horaires, simuler des projets de programmation ou d’actions en direction de divers publics, par exemple en terme d’animation scolaire.
Michel Gomez rappelle qu’il faut un certain temps pour faire exister un nouveau lieu culturel : le temps de construire un public, d’élaborer des actions avec les milieux scolaires, de monter des projets avec les autres acteurs culturels du voisinage, etc.
Le nom de l’exploitant devrait être connu en septembre 2012. Ce qui lui donnera le temps de prendre le lieu en main avant son ouverture.
Intervention de l’architecte Philippe PumainI. Rappel du programme
– Les trois salles
La grande salle conserve à peu près le volume de l’ancienne et ses deux balcons sont reconstruits. Elle sera totalement dédiée au cinéma et offrira 342 places : environ 200 au parterre, 100 au premier balcon et 40 au deuxième balcon.
Deux plus petites salles sont créées au sous-sol, installées dos à dos avec une cabine de projection commune. L’une aura 74 places, l’autre, avec 140 places, sera un peu plus large et dotée d’une scène afin de pouvoir accueillir des petits spectacles (musicaux par exemple) en plus du cinéma.
L’équipement de projection sera numérique et argentique : numérique dans les trois salles, et également argentique dans deux salles seulement, sans doute, (la grande salle et une des deux salles du sous sol), en raison du développement très rapide du numérique.
– Le porche d’entrée était, à l’origine, ouvert. Il a ensuite été fermé pour des raisons de fonctionnement, notamment à l’époque où le Louxor était devenu une boîte de nuit. Il sera rendu à la ville : ce sera un lieu d’exposition des programmes, les spectateurs pourront y faire la queue, ce qui limitera les files d’attentes sur le trottoir ; les passants pourront le traverser, découvrir les décors restaurés et ce contact peut leur donner envie d’aller découvrir ce cinéma.
– Les espaces de convivialité :
– au 2e étage : un espace d’environ 40 m2 (à l’emplacement de l’ancienne buvette) pourra accueillir de petites expositions, par exemple pour accompagner la programmation ou sur d’autres thèmes, il appartiendra au futur exploitant d’en décider.
– au 3e étage (dernier étage accessible au public puisque le 4e est occupé par les bureaux du gestionnaire et par les locaux techniques), le café club, d’environ 40 mètres carrés, avec une surface à peu près identique en terrasse. Ce café sera réservé aux clients du cinéma car sa situation en étage rendrait très difficile le contrôle des circulations .
II. La rénovation du bâtiment
La réhabilitation du bâtiment implique de multiples interventions : ravalement des façades, rénovation des toitures, restauration et restitution des mosaïques, vitraux, métallerie, restitution des décors initiaux sur les parois de la grande salle.
– Les façades (pour plus de détails, lire aussi notre interview de Christian Laporte, architecte du patrimoine, chargé de cette restauration) :
Le granito des façades (qui avait été recouvert d’une couche de peinture) sera retrouvé. Malheureusement, la façade côté Magenta a été purgée du granito qui devra donc être reconstitué.
Les vitraux seront rétablis dans les oculi et les fenêtres de la façade. Le choix des couleurs sera validé par la DRAC.
L’inscription LOUXOR sera plus visible car elle retrouvera sa couleur rouge d’origine.
– Le porche d’entrée : le décor d’origine des années 20 sera restauré. Il s’agit surtout d’un décor floral, mais on a aussi retrouvé trois bas-reliefs : une tête de pharaon, une divinité de l’Égypte antique, et un troisième relief à thème agricole qui est en cours de restauration.
– Le décor intérieur sera restitué. (Lire aussi notre interview de la restauratrice Claire Bergeaud)
Le décor d’origine subsiste derrière les parois de la boîte acoustique. Cette boîte était un impératif pour assurer l’isolation phonique du bâtiment. Dans la mesure où le bâtiment est adossé à des immeubles mitoyens, il est indispensable de couper toute transmission du bruit par la structure. Il faut une grande rigueur, aucun point de contact ne doit subsister, on ne peut pas se contenter de couper 99%, le 1% restant pourrait compromettre tout le résultat.
Cette boîte est terminée ; c’est une structure métallique posée sur ressorts. Les ressorts sont actuellement comprimés et seront décomprimés le moment venu lorsque la charge qu’ils devront supporter sera en place. La vibration bruyante sera absorbée, coupée par cette boîte à ressorts.
Pourquoi ce choix ? Philippe Pumain rappelle que l’intérieur du cinéma n’est pas inscrit à l’inventaire des Monuments historiques et qu’il était libre de ses choix : il aurait pu faire un décor contemporain. Il a délibérément choisi de restituer le décor de 1920 en hommage à son prédécesseur Henry Zipcy qui avait voulu créer un écho entre décor extérieur et intérieur.
– Les quatre mâts égyptiens de la façade seront restitués, surmontés de leurs disques solaires qui seront lumineux, seule variante par rapport à ceux d’origine, créant ainsi un effet de signal dans la nuit. Cela répond au parti pris de ne pas avoir de rajout de néon sur la façade : ce signal doit se suffire à lui-même. Des affichages lumineux seront aussi intégrés dans des cadres qui rendront très lisible la programmation. De même, dans le porche, des emplacements pour les affiches sont prévus.
– A propos des décors : il y a encore un débat sur les têtes pharaoniques qui décoraient le haut des pilastres de la grande salle car aucune photo n’existe. Le travail de recherche se poursuit.
L’intérieur, on l’a dit, n’est pas protégé mais les choix seront soumis à la DRAC. Les soubassements seront en faux marbre noir ; la partie intermédiaire en ocre ; au dessus, nous aurons une couleur sable sur laquelle seront peintes au pochoir les colonnettes lotiformes ; et nous retrouverons la frise d’Egyptiennes qui convergent vers l’écran. Cet écran d’origine était de petite taille (environ 6 mètres de largeur) ; il sera restitué mais un écran moderne à la polichinelle sera descendu pour la projection des films. En fonction des choix de l’exploitant, l’écran original pourrait apparaître en début de séances et être ensuite recouvert pas l’écran moderne.
Décor des deux petites salles créées en sous-sol
– Le plafond de la plus petite salle est voûté en anse de panier. En référence au tombeaux égyptiens de la Vallée des Rois, elle sera décorée dans les tons sombres (rouge foncé ou bleu foncé).
– La moyenne salle reprendra le thème de la salle à colonnades. Les fauteuils se trouvent dans la partie centrale de la salle mais autour, des circulations ont été aménagées, séparées de l’espace central par des colonnes qui rythment l’avancée dans la salle. Le « plafond ciel » sera bleu égyptien pour évoquer les ciels peints des tombeaux.
Les travaux de gros œuvre sont presque finis (reprises en sous œuvre ; fondations ; coulage de béton ; support de la boîte dans la boîte).
Les boîtes acoustiques en megastyle (plus rigide que le placostyle) montées sur ressorts sont en train d’être fermées. La résille métallique qui constitue la structure des boîtes acoustiques sera remplie par des parpaings pour produire un effet de masse par absorption.
Dans les deux petites salles : les gradins sont réalisés. La dalle en dessous qui les soutient est faite. Les ressorts des boîtes isolant ces salles sont déjà relâchés car, le plancher de la grande salle étant posé, le poids ne variera pas. Les ressorts sont calculés par rapport aux masses qu’ils doivent recevoir, d’où la nécessité de connaître les masses qu’ils devront supporter avant de les relâcher. Ce qui explique que le ressorts de la boîte de la grande salle ne soient pas encore relâchés. On attend la charge des murs eux-mêmes, c’est-à-dire de tout le remplissage entre les poutrelles métalliques, ce qui va représenter un poids considérable.
Autres travaux :
– Les travaux de réseaux ont commencé : chauffage, ventilation, électricité.
– Une grosse intervention : l’arrivée de la thermofrigopompe (pompe à chaleur) puisque le Louxor sera climatisé été et hiver en utilisant les ressources de la géothermie. Ce système permet de capter l’énergie contenue dans l’eau de la nappe phréatique par forage, ce qui implique de descendre à 85 mètres de profondeur. Deux forages ont été nécessaires car il faut établir un circuit entre un puits de pompage de l’eau, et un second puits qui sert à rejeter cette eau dans la nappe d’origine. La pompe fait 8 mètres de long sur 2 mètres de large et a été mise en place en trois morceaux, en passant par la toiture. C’est un espace, un peu semblable à celui d’une maison, dans lequel on circule et dont on peut isoler les éléments en cas de défaillance technique, sans avoir à tout changer.
Autres travaux à venir :
Les finitions :
– sols : certains seront en granito ; d’autres seront en carrelage de mosaïques ; d’autres, comme dans les bureaux, en PVC lino, d’autres en moquettes. Ceux-ci seront posés en dernier, après la fin des travaux, pour ne pas les salir.
– le décor peint de la grande salle
– la décoration des petites salles
Le chantier devrait se terminer à la fin de 2012 pour une ouverture au printemps 2013, en tenant compte du temps requis pour la prise en main par le nouvel exploitant, la levée des réserves, le passage de la commission de sécurité.
Jean-Marcel Humbert et Annie Musitelli
©lesamisdulouxor.fr