Le Louxor inspire les étudiants de l’école Estienne
Nous avons reçu récemment des photos illustrant le travail réalisé en mai 2012 par les étudiants de l’école Estienne qui venaient de découvrir le Louxor. Revenons quelques mois en arrière…
Nous aurions volontiers profité un peu plus longtemps des affiches colorées et pleine de fantaisie que des étudiants de l’école Estienne, école des métiers du livre de Paris, ont réalisées en atelier, puis placardées aux abords de la station Barbès ‒ affiches librement inspirées du Louxor et très vite subtilisées par les amateurs d’art urbain, par définition éphémère. (On se souvient qu’une grande affiche de l’américain Shepard Fairey, un des grands noms du « street art », fut affichée fin septembre 2009 sur les murs du Louxor et disparut elle aussi bien rapidement.)
Un groupe d’étudiants de la section illustration de l’Ecole Estienne a travaillé sur un projet encadré par Irène Bonacina, artiste plasticienne et illustratrice, en collaboration avec les enseignants de l’école. Leur projet et leur choix du Louxor comme source d’inspiration ne sont pas sans rappeler la démarche des lycéens du BAL que nous avons déjà évoquée sur notre site. Irène Bonacina s’intéresse elle aussi à la question du lieu, support de mémoire et d’expérience et a déjà travaillé sur ce thème (Lieux de départ, Mémoires d’immigrés).
Elle souhaitait donc trouver un endroit dans Paris qui ait une histoire riche, atypique, et qui soit en même temps en pleine transformation. La voie vers le Louxor était toute tracée et Michel Gomez, délégué général de la mission cinéma, organisa une visite sous la conduite de Philippe Pumain, comme il l’avait fait pour les lycéens du Bal. Le Louxor en pleine mutation s’affirme décidemment une fois encore comme « le » lieu à ne pas manquer…
Le travail en atelier fut réalisé durant la deuxième semaine de mai. Irène Bonacina et Stéphane Soularue, responsable de la section illustration, nous demandèrent à cette occasion de venir à l’école Estienne expliquer à leurs étudiants les raisons de notre combat pour sauver le Louxor de l’abandon et bien entendu évoquer son avenir. Cette dimension humaine, en l’occurrence la valeur affective qu’un lieu peut revêtir pour un groupe de personnes – habitants, cinéphiles, ou autres, les intéressait autant que l’histoire du bâtiment elle-même.
Ils passèrent ensuite à la réalisation de plusieurs affiches. C’est dans une certaine urgence, qu’ils ont conçu les images originales, les ont transposées sur l’écran de sérigraphie, puis ont passé une journée entière à les imprimer dans le Laboratoire d’Expérimentation graphique de l’école. Le résultat : des sérigraphies très gaies, où se mêlent évocations du Louxor, personnages du 7e Art, pharaons décontractés dans des fauteuils clubs, séduisantes Cléopâtre.
Pourquoi avoir choisi la sérigraphie ? Selon Irène Bonacina, la sérigraphie est une méthode dérivée du pochoir ‒ mais un pochoir très perfectionné qui permet d’imprimer des traits extrêmement fins ou des typographies parfaites, en ne perdant quasiment aucun détail de l’image originale. Cette technique permet aussi d’imprimer une image plusieurs fois, éventuellement sur de très grands formats et sur des supports variés ‒ papier, carton, bois, plastiques, verre, métal, textiles. L’avantage de la sérigraphie, comparée à une impression numérique, est d’obtenir une couleur très forte, très pigmentée. Les étudiants ont ainsi réalisé des sérigraphies à une ou deux couleurs. Beaucoup ont utilisé un support papier de couleur très vive, voire fluo.
Ces affiches, ils voulaient les montrer « en situation », d’où le choix de revenir dans le quartier pour afficher sur les murs, dans et autour de la station Barbès et du Louxor, les créations originales que ces lieux avaient inspirées. La boucle serait ainsi bouclée. Ce qui fut fait le vendredi 11 mai dans l’après-midi.
Et l’espace de quelques heures, les murs défraîchis de la station et les abords de l’escalier principal prirent de belles couleurs et ne manquèrent pas de susciter étonnement et amusement…
Mais les affiches ne tardèrent pas à disparaitre pour aller enrichir les trésors de quelque collectionneur de « street art ».
Nous remercions chaleureusement Irène Bonacina et ses étudiants de nous avoir envoyé ces photos qui permettent de garder une trace de ce décor éphémère.
Annie Musitelli ©lesamisdulouxor.fr