En feuilletant le livre d’or…
L’exposition « Le Louxor, un palace de quartier » s’est terminée le 16 septembre 2018, au lendemain des Journées du Patrimoine.
Le directeur du Louxor, Emmanuel Papillon, nous avait donné carte blanche pour concevoir une exposition claire et pédagogique qui permette à un large public de (re)découvrir à la fois l’architecture et l’histoire de ce bâtiment Art Déco mais aussi celle de sa programmation – 60 ans de cinéma, de 1921, âge d’or du cinéma muet, à 1983, date de la fermeture de la salle par Pathé.
L’élégant salon d’exposition et le palier adjacent, au 3e étage, constituent un lieu idéal, qui accueille aussi des concerts variés ou des « ateliers chorales » et attire donc un public plus vaste que celui des spectateurs du cinéma. Grâce aussi aux programmes du Louxor destinés aux jeunes publics, des collégiens et des lycéens ont également pu visiter l’exposition, et même des enfants, qui ont parfois laissé dans le livre d’or un petit mot ou un dessin.
C’est en pensant plus particulièrement à ce public que nous avions choisi de situer le Louxor dans un contexte historique et culturel qu’ils ne connaissaient pas nécessairement. Par exemple, bon nombre d’entre eux ont découvert avec étonnement que le quartier, de La Chapelle à Clichy, comptait dans les années 50 – et jusque dans les années 70 – une bonne quarantaine de cinémas. De même, pour inscrire le Louxor dans le mouvement Art Déco des années 20, nous avons mis en relief le traitement stylisé des éléments antiques des décors égyptiens, à travers des formes plus géométriques et anguleuses.
Les signatures du livre d’or confirment que le Louxor attire bon nombre de visiteurs étrangers d’origine diverses : Afrique du Nord, USA, Angleterre, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Australie…
« Heureux de payer des impôts pour cela » !
Quant aux témoignages, ils expriment tout à la fois leur appréciation de l’exposition elle-même mais plus généralement leur enthousiasme pour cette salle unique (« cinéma magique, le plus beau de Paris », « fantastique, un vrai Palais », etc.), la qualité de sa restauration mais aussi sa programmation (« Un Grand Cinéma pour du Grand Cinéma » !). Ils révèlent à coup sûr chez le visiteur une conscience aiguë de ce que le Louxor représente et qui a failli disparaître : soulagement de voir ce patrimoine sauvegardé, plaisir d’avoir à ses portes un cinéma exceptionnel (« le plus beau cinéma de Paris », un « lieu de calme et d’élégance dans la cohue du quartier ») et d’y voir de bons films. Un Parisien cinéphile ne va-t-il pas jusqu’à se dire « heureux de payer des impôts pour cela » !
Le livre d’or offre aussi, par petites touches, des histoires personnelles, des tranches de vie ponctuées par le cinéma. Il y a ceux qui parlent en même temps du film qu’ils ont vu, ceux aussi pour qui le Louxor est lié à des souvenirs de jeunesse. Une visiteuse n’y a-t-elle pas rencontré « l’homme de sa vie » ?
Enfin, tout bon livre d’or doit signaler (au moins) une erreur ! Nous n’échappons pas à la règle. Merci à la personne attentive qui a su débusquer une photo erronée sur le panneau des anciens cinémas du quartier : la vignette censée illustrer l’ancien cinéma Atomic représentait l’ancien Amsterdam Pigalle, devenu Divan du monde, déjà présent sur la carte à son véritable emplacement. Bévue qui sera dûment rectifiée lors du prochain accrochage de l’exposition, puisque, face à l’intérêt qu’elle a suscité, Emmanuel Papillon prévoit de la présenter de nouveau, entre les expositions d’artistes qui se tiennent régulièrement au Louxor.
© Les Amis du Louxor