Entre Barbès et la Chapelle, rencontre entre hip hop et danse classique
C’est dans une chambre du Grand Hôtel Barbès, 21 rue des Poissonniers, que débute le film de 12 minutes (2018) de Ramzi Ben Sliman. Le jeune Ulysse, s’il ne veut pas se faire mettre à la porte du Grand Hôtel Barbès, a la journée pour trouver de quoi payer sa chambre. L’errance et les ruses du héros pour survivre le mènent à se joindre par hasard à des danseurs de breakdance « en plein battle ». S’ensuit la rencontre du hip-hop avec la danse classique : dans un entretien à retrouver sur le site de l’Opéra de Paris, Ramzi Ben Sliman explique qu’il a voulu faire « un film de danse avec des danseurs qui ne s’inscrivent pas dans la tradition dite du » ballet blanc » » mais viennent du monde du hip hop. Le glissement vers les variations classiques se fait ici naturellement grâce au charisme et à l’aisance de l’interprète principal, Lorenzo Da Silva Dasse, dont le cinéaste rappelle qu’il est « passé chez Béjart ». La musique de Mozart qui accompagne cette séquence crée l’émotion et prend une force toute particulière dans le décor très urbain de Barbès.
Le film, coproduit par l’Opéra de Paris et les films Pelléas, en ligne sur la « 3e scène » de l’institution est également visible sur YouTube.
Si Ramzi Ben Sliman refuse d’opposer tradition et modernité et montre que l’on peut voyager entre danse classique et hip hop, que cela ne nous fasse pas oublier que les chanteurs d’opéra peuvent eux aussi, contre toute attente, sacrifier aux dieux de la danse. Ainsi en est-il du contre-ténor Jakub Józef Orliński, à la souplesse tant vocale que physique, dont on sait que les prouesses lyriques rejoignent celles du Hip-hop, et qui pratique un échauffement original avant d’entrer en scène !
Jean-Marcel Humbert © Les Amis du Louxor