La brasserie Dupont-Barbès III. Anecdotes quotidiennes et cinéma…

« Chez Dupont tout est bon… »

Heurs et malheurs du plus célèbre café de Barbès.

L’article sur la brasserie Dupont-Barbès est scindé en quatre parties : I. Des origines aux transformations II. La vie de la brasserie III. Anecdotes quotidiennes et cinéma IV. La fresque de Cappiello

A – Concours, réunions et anecdotes policières
Parmi les événements pouvant assurer la publicité de la brasserie figuraient les concours organisés par les journaux. En juillet 1935, Dupont-Barbès gagne « le premier grand prix d’honneur général pour les terrasses et cafés » du « concours d’étalages patronné par Le Journal » (Le Journal, 12 juillet 1935).

Le 4 octobre 1937, l’Auto Velo relate la participation du personnel des brasseries Dupont à la fameuse course de « L’Homme au plateau » (parcours imposé en tenant bien haut un plateau chargé), et nous rappelle en même temps les couleurs de leur tenue :

Auto Vélo, 4 octobre 1937

Dupont Barbès resta longtemps un lieu où s’organisaient diverses réunions. En 1953, celle-ci, à fonction charitable, est très officielle, puisqu’y assistent un secrétaire d’état et le maire du XVIIIe arrondissement : « Les petits de Montmartre » reçoivent « 130 vieillards » (Paris-Presse L’Intransigeant, 1er novembre 1953).La brasserie avait ses habitués, qui venaient y prendre leur « petit crème ». En 1953 toujours, Mohamed Arabdiou, qui deviendra en 1962 journaliste d’El Moudjahid, dans Au fil des jours.. Une vie…, se souvient encore avoir été « debout, à feuilleter le journal, devant mon café crème, chez Dupont de Barbès ».
Mais d’autres consommateurs appartenaient à des milieux plus douteux : ainsi La Liberté, évoque, le 14 août 1937, à propos de la mort d’un racketteur, une amitié improbable nouée au bar autour de l’apéritif :

La Liberté, 14 août 1937

Cette fréquentation interlope de la brasserie semble confirmée par un article de Ce soir, le 15 avril 1951, évoquant, dans ses sous-sols et les cabines téléphoniques, un trafic de devises :

Ce soir, 15 avril 1951

Mais il s’agit du tournage d’un film, celui d’Henry Lepage ! Ce film, qui y situe entièrement son scénario, confirme la célébrité de la brasserie, et nous permet même d’apercevoir, en quelques scènes fugitives, notre cher Louxor, même si c’est un peu plus loin, au Palais-Rochechouart, au 52 du boulevard, que le film est projeté…

B – Dupont Barbès, le film
– La sortie du film et ses critiques
C’est donc en 1952 que paraît Dupont Barbès, réalisateur Henry Lepage, musique de Joseph Kosma, avec Madeleine Lebeau, Henri Vilbert, Pierre-Louis, Yves Furet et Jane Marken, dont nous reproduisons ci-dessous l’affiche et le dépliant publicitaire, comportant, sur fond montmartrois, le scénario. C’est naturellement à la brasserie que se déroule, ainsi que nous l’apprennent les articles de Ce soir du 12 janvier 1952, de Paris-Presse L’intransigeant du 17 janvier, la présentation de ce film qui raconte, dans les termes du journaliste de Ce soir, l’histoire d’« une respectueuse qui devient vertueuse » :

Dépliant publicitaire (Collection Nicole Jacques-Lefèvre)

Sur l’auvent : résumé du scénario. Dépliant publicitaire (Collection Nicole Jacques-Lefèvre)

François Chalais n’appréciera guère le film. Mise à part son appréciation du jeu de Madeleine Lebeau, il est sévère, dans son article de Carrefour du 16 janvier 1952, pour les « insoutenables souteneurs » et autres faiblesses du film, allant jusqu’à regretter qu’y soit bien mal exploité « ce quartier brutal et incohérent » ! Sans commentaire ! D’autres auront un jugement plus positif, ainsi La Gazette provençale du 23 avril 1952 et d’autres journaux de province :

– Quelques images du film

Image du film Dupont Barbès : l’extérieur de la brasserie. Au-dessus de la porte vitrée, en lettres lumineuses : Chez Dupont, tout est bon.

La salle et ses larges baies vitrées

Image du film : brasserie Dupont, la salle du sous-sol

Le Louxor dans le film
Ajoutons qu’à plusieurs reprises, et en particulier dans les premières et les dernières images du film Dupont Barbès – dont toute l’action se situe dans la brasserie et au carrefour Barbès – on aperçoit, fugitivement mais distinctement, le Louxor.

En haut, façade du Louxor boulevard de la Chapelle – En bas, vue sur la loggia du Louxor et le boulevard Magenta.

La brasserie est devenue magasins Tati, lesquels ont aussi fermé leur porte. À suivre ?

En attendant d’en savoir plus sur le devenir cet immeuble, replongeons-nous dans les plus belles heures du Dupont Barbès, et considérons l’œuvre magnifique qui ornait le dessus du comptoir : la fresque de Leonetto Cappiello.


Nicole JACQUES-LEFÈVRE © Les Amis du Louxor