L’aventure cauchoise d’Henri Silberberg, premier directeur du Louxor
Quel rapport entre Saint-Valery-en-Caux au début du XXe siècle – ses « bains de mer » réputés et ses mondanités – et Henri Silberberg, petit-fils de colporteur, devenu homme d’affaires, publiciste, puis directeur du Louxor-Palais du cinéma de Barbès ? Tout simplement l’intérêt de cet homme aux multiples facettes (lire l’article de Nicole Jacques-Lefèvre, Un certain Henri Silberberg) pour le monde du spectacle, qui dirigea entre 1903 et 1908 le Casino de Saint-Valery.
Les Amis du Louxor avaient été conviés par l’association Le Vieux Saint-Valery à participer, aux côtés d’une douzaine d’associations, à une exposition qui s’est tenue du 17 au 31 juillet à la salle municipale et dont le thème (« Saint-Valery connectée avec le monde ») visait à rappeler, au moyen de documents divers et de films, les liens de cette commune avec d’autres régions de France, d’autres pays, ainsi que les personnages qu’elle a vu défiler ou qui ont marqué son histoire (voir le blog de l’association Le Vieux Saint-Valery).
C’est donc le personnage de Silberberg et son passage à Saint-Valery que les organisateurs de la manifestation nous avaient demandé d’illustrer.
Comme on pouvait penser que peu de visiteurs de cette exposition connaîtraient le Louxor de Barbès, un panneau proposait une présentation rapide de l’architecture du bâtiment et des épisodes marquants de son histoire.
Quant à Silberberg lui-même, un premier panneau évoquait sa carrière d’homme d’affaires et sa décision de faire construire le Louxor :
Un second était dédié à son aventure en Pays de Caux :
Le 28 novembre 1902, Henri Silberberg signe avec la ville de Saint-Valery-en Caux un « contrat d’affermage » du Casino, moyennant un versement annuel de quinze mille francs. Sa désignation est signalée dans la presse locale, dont le Journal de Rouen (qui estropie le nom de Silberberg et déplore que la délibération ait eu lieu à « huis-clos en cours de séance »).
Henri Silberberg a certainement pris à cœur ses fonctions de directeur de Casino. La presse, y compris nationale, signale d’ailleurs certaines de ses initiatives. Par exemple, le journal Le Vélo du 19 août 1903 annonce l’organisation d’une soirée au casino « au bénéfice d’une œuvre de bienfaisance » avec le concours de nombreux artistes.
Concerts, soirées, mais aussi mondanités sont de rigueur pendant la saison touristique et ne semblent pas déplaire à l’épouse du directeur : L’Echo de Paris du 26 août 1905 salue « la grâce parfaite » avec laquelle Mme Silberberg fait les honneurs du casino à l’occasion de la Fête des Marins.
Mais s’il eut l’occasion de fréquenter une société brillante, d’assister aux débuts sur scène de Sacha Guitry (voir l’article Un certain Henri Silberberg), il dut aussi faire face à une réalité quotidienne plus prosaïque, comme en témoignent ses difficultés à équilibrer son budget – l’épisode cauchois se soldant d’ailleurs par une faillite – et ses démêlés avec la municipalité de Saint-Valery.
Mais en participant à cette exposition, nous entretenions aussi l’espoir de trouver, enfin, une photo d’Henri Silberberg ! Qui sait si un visiteur local n’allait pas retrouver dans ses archives une carte postale, une photo, un article de la presse locale qui nous permettraient enfin de mettre un visage sur ce nom?
D’où notre « avis de recherche » reproduit en tête de cet article.
Si l’accueil des organisateurs de la manifestation et du public fut chaleureux, le « miracle » n’a pas eu lieu. Le prix destiné au visiteur qui aurait pu nous présenter une photo d’Henri Silberberg n’a pas été remis faute de cliché justificatif, mais la recherche continue d’autant que les relations établies entre les Amis du Louxor et l’association Le Vieux Saint-Valery sont excellentes. Le secrétaire de notre association, Michel Souletie, et des représentants de l’association cauchoise sont d’ailleurs allés ensemble aux Archives de Rouen dépouiller les éditions numérisées du Journal de Rouen et celles, lacunaires, du Pays de Caux.
Encore une fois, merci à Anne-Catherine Souletie, maquettiste professionnelle, pour avoir réalisé bénévolement tous les panneaux de l’exposition Histoire d’un palace de quartier, qui s’est tenue au Louxor du 11 avril au 17 septembre 2018, et de celle de Saint-Valery-en-Caux.
© Les Amis du Louxor