Les 23 et 24 avril 2010, des visites du Louxor ont été organisées par la Ville de Paris. D’autres suivront. Cette excellente initiative permet ainsi au public de découvrir le bâtiment avant le début des gros travaux. En effet, si de nombreux Parisiens connaissent les façades du Louxor et ses mosaïques, fort peu y sont entrés, ce qui confère d’ailleurs à ce lieu un certain mystère. Nous avons suivi une de ces visites et vous proposons ici un petit parcours illustré.
Le porche d’entrée a conservé de beaux restes de sa décoration d’origine : les frises au pochoir, par exemple, reprennent de manière stylisée les motifs néo-égyptiens de fleurs de lotus.
Chacune des trois entrées est surmontée d’un disque ailé en fer forgé, motif récurrent des décors égyptisants , que l’on retrouve d’ailleurs sur les mosaïques de la façade.
Ce porche d’environ 35m² redeviendra un espace ouvert sur la ville. Sur le site de la Mairie, l’architecte Philippe Pumain commente cette « décision architecturale majeure » : cet espace, à l’origine ouvert, avait ensuite été fermé. Il sera « rendu à la ville ». Les gens pourront y entrer, avoir une première impression du lieu (puisque les décors en seront restaurés), y acheter leurs billets. Le porche ouvert « participera à l’espace public et à la renaissance du carrefour ».
Nous pénétrons ensuite dans la grande salle. Cette salle atypique, avec ses deux balcons en gradins, impressionne le visiteur qui n’est plus habitué à de tels volumes. La coupe longitudinale ci-dessous permet de se faire une bonne idée de ses proportions.
Des décors d’origine ont été dégagés (ici, sur le mur du côté du boulevard de la Chapelle) :
Bien que la frise située au dessous du plafond soit très endommagée, on peut y distinguer de gracieuses silhouettes égyptiennes.
L’écran d’origine, adapté au cinéma muet, est beaucoup plus petit que les écrans successifs qui l’ont remplacé. De part et d’autre, on distingue l’ouverture de niches munies de grilles ouvragées destinées très certainement à abriter les tuyauteries de l’orgue qui accompagnait les films au temps du cinéma muet.
On accède aux niveaux supérieurs par le bel escalier principal avec ses balustrades en granito. Il sera conservé dans le futur Louxor. D’autres escaliers secondaires et couloirs sont encore revêtus de la peinture rouge des années 80. L’ancienne cabine de projection, au niveau du premier balcon, offre une belle vue sur la salle. Elle sera maintenue au même endroit.
Les balcons seront heureusement reconstruits car ils donnent à ce cinéma toute son originalité. Ils offrent actuellement une vue imprenable sur la salle mais ceux qui ont fréquenté le Louxor avant sa fermeture se souviennent que la visibilité y était très limitée si on ne se plaçait pas au premier rang !
Au niveau du premier entresol et dans les sous-sols, des vestiges très colorés rappellent que dans les années qui ont suivi la fermeture du cinéma en 83, le Louxor avait été transformé en boite de nuit à l’existence assez éphémère.
Le Louxor abritera aussi un café dont la terrasse offrira une vue fort agréable sur les toits de Paris et la Butte Montmartre.
Mais pour terminer, projetons-nous d’ores et déjà en 2013, dans la grande salle Youssef Chahine. Les nouveaux balcons répondront évidemment aux normes de confort actuelles, sans rien perdre de leur qualité esthétique.
Pour obtenir le niveau d’isolement requis par les normes actuelles, une « boîte dans la boîte » acoustique sera mise en place mais l’architecte a souhaité « retrouver la cohérence que le bâtiment avait perdu au fil du temps entre le traitement des façades extérieures et le traitement de l’intérieur ». Dans la mesure où le décor néo-égyptien, recouvert par un nouveau décor dès le début des années 30 est très bien documenté, il pourra être restitué sur les parois de la salle.
Voici qui permet déjà de rêver en attendant 2013 …
Dans un prochain article, nous vous présenterons un état des lieux du Louxor, établi en 1931.
Annie Musitelli et Nicole Jacques-Lefèvre ©lesamisdulouxor.fr