Dans le courant des années 50, la Direction Générale de la Société des Théâtres Cinématographiques Pathé poursuit un vaste programme de rénovation de ses salles. Il s’agit de respecter les nouvelles normes, mais aussi, pour la décoration de la salle, de tenir compte de l’évolution des goûts esthétiques du public.
Le Louxor ferme pour travaux le 23 juin 1954. Dernier film à l’affiche, L’amour d’une femme, dernier long métrage de Jean Grémillon, avec Micheline Presle, Massimo Girotti, Gaby Morlay et Paolo Stoppa.
Car en cette année 1954, le Louxor était un bon et vrai cinéma de quartier. On y diffusait des films récents, sans doute inégaux, mais pour une bonne part de grande qualité et tous les genres y étaient représentés. (Voir la fiche « La programmation en 1954»).
Le n° 8 de Pathé Magazine de 1954 nous apprend que du 21 juin au 26 juillet 1954, le Louxor « a été entièrement transformé intérieurement ».
Le programme de rénovation comportait divers travaux de gros œuvre mais c’est sur la nouvelle décoration de la salle que l’article est le plus précis. « La salle primitivement en style « néo-égyptien » de couleurs sombres, donnant l’impression d’un temple, a été exécutée dans des tons clairs et chauds, mais paisibles, avec des matériaux moelleux et confortables : des panneaux, à l’avant de la salle, recouverts de tissu ton champagne, en amiante et soie de verre, indispensable pour la bonne acoustique, sont décorés par de hautes appliques métal et verre en forme de palmes ; le haut soubassement d’orchestre est entièrement revêtu de moquette vieux rose ; les fauteuils, à manchettes ivoire, sont recouverts en velours grenat ; le décor de la scène, à l’intérieur d’un fin galon vieil or et qui prend tout le fond de la salle, est entièrement en velours deux tons, rose et grenat. »
« Au premier balcon, la suppression des loges a permis une implantation meilleure des fauteuils : le fond est en tissu. Les pilastres, les murs, le plafond à caissons sont peints en gris perle clair à trois tons, les portes plaquées en matière plastique (Formica), acajou naturel ou décoloré « meublent » en étant très pratiques ».
« Le hall extérieur dont le sol a été refait en mosaïque ouvre sur le dégagement de la salle par une batterie de huit portes en glace sécurit, gravées et formant un rideau avec les faces de caisses en glace argentée, passée à l’acide. L’ensemble est souligné en cuivre poli. »
Il est intéressant de noter que le programme comportait notamment l’ « insonorisation totale du mur mitoyen du fond de la scène », preuve que le problème de l’isolation acoustique se posait déjà ! mais, hélas pour les voisins, on n’avait pas encore inventé la « boîte dans la boîte ».
Pour sa réouverture le 4 août 1954, le Louxor projeta La Chair et le diable, de Jean Josipovici, sorti le 18 juin 1954, « drame avec Viviane Romance et Peter Van Eycke ». Les photos de Pathé Magazine montrent les affiches d’ un autre film, à l’affiche pendant la semaine du 10 août, Par ordre du Tsar , « film franco-allemand en gevacolor d’André Haguet. Le film, sorti le 18 juin 1954, était une « évocation de la vie de Franz Liszt, l’amour malheureux du musicien pour la princesse de Wittgenstein » (Officiel des spectacles du 4 au 11 août 1954) avec Michel Simon dans le rôle du Prince de Sayn-Wittgenstein, Colette Marchand Princesse Caroline et Jacques François Franz Liszt.
Nicole Jacques-Lefèvre et Annie Musitelli
Source : Pathé Magazine. Nous remercions la Fondation Jérôme Seydoux- Pathé de son accueil.
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