Égyptomanie puissance 2…

Le Typhonium de Ma Loute sur l’écran du Louxor 

Avis aux amateurs d’architectures insolites : l’étrange demeure de la (très déjantée) famille Van Peteghem du film de Bruno Dumont, Ma Loute, n’est pas un décor de cinéma. C’est une authentique villa privée « de style égyptien » – comme le précise Fabrice Luchini (alias M. Van Peteghem) au pittoresque policier Machin venu enquêter sur de mystérieuses disparitions dans la région. De nombreuses scènes ont été tournées dans les jardins de la villa le Typhonium, située à Wissant (Pas-de-Calais), alors que les intérieurs ont, eux, été tournés au château d’Hardelot, à Condette (également dans le Pas-de-Calais).

Le Typhonium vers 1912 - collection Jean-Marcel Humbert

Le Typhonium vers 1912 – collection Jean-Marcel Humbert

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Des collégiens exposent leurs œuvres au Louxor

Du lundi 23 mai au 15 septembre 2016 : Exposition photographique

« La Goutte d’Or, grandir ensemble »

Résidence artistique de Bruno Lemesle au Collège Clemenceau

Bruno Lemesle est photographe et cinéaste. Il a notamment réalisé la collection photographique « Salut Barbès ! » et le film documentaire La Goutte d’Or, vivre ensemble. Il travaille actuellement au projet « Barbès-Méditerranée : de la Goutte d’Or vers la Corne d’Or ». En résidence au sein du collège Georges Clemenceau depuis octobre 2015, il a initié les élèves à la pratique de la photographie et du cinéma documentaire. L’exposition présentée au Louxor –  et qui est consacrée exclusivement aux photographies faites par les élèves –  est l’aboutissement de ce travail collectif.

Un regard vers l’autre ©les snappers-Bruno Lemesle

Comment est né ce projet ?
Il s’inscrit dans le contexte des résidences artistiques du dispositif « L’art pour grandir » de la Ville de Paris. Il implique un partenariat entre une institution culturelle, qui dispose donc de l’expertise artistique pour monter un tel projet, un établissement scolaire, qui offre l’appui pédagogique, et un artiste, qui fait le lien entre deux « pôles » qui vivent sur des rythmes souvent très différents. Il s’agit d’articuler art et éducation à partir de ces compétences diverses, avec un objectif pédagogique exigeant.
Dans mon cas, c’est à la rentrée scolaire 2015, sur une proposition de l’Institut des Cultures d’Islam, que j’ai commencé cette collaboration avec le Collège Georges Clemenceau. Il faut souligner que ces projets sont assez longs (ici, une année scolaire) pour permettre un travail approfondi et sa restitution – en l’occurrence, sous la forme d’une seconde exposition, la première s’étant tenu à l’ICI. Le Louxor, très impliqué dans les actions en direction des publics scolaires et fréquenté par un large public, était un lieu idéal.

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La place de l’Algérie dans la programmation du Louxor

Après les films d’action et les péplums, qui composaient l’essentiel de sa programmation de la fin de 1967 jusqu’au milieu des années 70,  c’est à partir de 1973 que les films sur la Guerre d’Algérie arrivent sur l’écran du Louxor. Pour enrayer la baisse de fréquentation (1) qui frappe les salles de quartier, le Louxor a fait le choix de renouveler son public en s’adressant en priorité aux très nombreux immigrés installés à Barbès (ou qui fréquentent le quartier). Le succès est d’ailleurs au rendez-vous avec un nombre d’entrées en hausse spectaculaire, du moins pour quelques années, avant une nouvelle chute au début des années 1980(2), qui aboutira à la fermeture du Louxor le 30 novembre 1983.
L’importance du film La Bataille d’Alger dans l’histoire de la programmation du Louxor a déjà été évoqué. Mais d’autres films, comme Chronique des années de braise de Mohamed Lakdar Hamina (Palme d’or du Festival de Cannes 1975) qui fut projeté début 1976 pendant trois semaines d’affilée ou L’Opium et le Bâton (1971) d’Ahmed Rachedi attirèrent eux aussi les foules au Louxor. Jusqu’à la fermeture du Louxor,  certains de ces films seront reprogrammés régulièrement au Louxor.

Pourtant, pendant près de cinq ans, ces films restent noyés dans la marée des péplums, westerns et autres films d’action. En 1973, La Bataille d’Alger se retrouve ainsi entre Le Courageux, le Traître et le Sans pitié et Quand les vautours attaquent ; La Guerre d’Algérie se faufile entre Dans l’enfer de Corregidor et Les Travaux d’Hercule
Il faut attendre 1978 et l’arrivée des films égyptiens, puis indiens, pour que Gringo, Ringo, Trinita, Hercule et Spartacus fassent peu à peu leurs adieux au Louxor.

Nous publions ici la liste (accompagnée des dates et du nombre d’entrées par semaine) des films algériens ou des films de réalisateurs étrangers sur l’Algérie projetés au Louxor de 1973 à 1983. On constate, d’après les trois tableaux qui suivent, que les films les plus souvent reprogrammés traitent de la colonisation, de la lutte pour l’indépendance et de la guerre d’Algérie. A l’exception de Prends dix-mille balles et tire-toi (tableau 2), les films qui abordent les problèmes contemporains (par exemple la comédie Omar Gatlato de Merzouak Allouache ou encore Mektoub ou Ali au pays des mirages, deux films qui évoquent les difficultés des travailleurs immigrés) attirent un public nettement moins nombreux que les films liés à la guerre d’Algérie.

I. Films les plus souvent projetés au Louxor

Affiches : site encyclocine.com

Affiches : site encyclocine.com

(cliquez sur le tableau pour l’agrandir)

Films projetés à 4 reprises au moins

Films projetés à 4 reprises au moins

II. Films projetés au moins deux fois

Affiche encyclocine.com

Il était rarissime au Louxor qu’un film y soit projeté une semaine après sa sortie : ce fut pourtant le cas de Prends dix mille balles et casse-toi de Mahmoud Zemmouri, qui sera maintenu à l’affiche deux semaines d’affilée à partir du mars 1982. Comme en témoigne le nombre d’entrées, ce récit d’un « choc des cultures » traité sur le mode humoristique (Prix de la critique au Festival international du film d’humour de Chamrousse) a su trouver son public : une famille algérienne  accepte l’aide au retour de 10 000 francs offerte  par le gouvernement français aux immigrés qui souhaitent  rentrer au pays. Mais les enfants, adolescents nés en France, vont avoir quelques difficultés d’adaptation…

Films projetés au moins deux fois

Films projetés au moins deux fois

III. Une seule projection.

Une seule projection

Une seule projection

Enfin, en 1982 (27 octobre-2 novembre, 3960 entrées), plus inattendu après les productions précédemment citées, le film d’Alexandre Arcady, Le Coup de Sirocco avec Roger Hanin, Marthe Villalonga, Michel Auclair, Patrick Bruel, présente l’arrivée en France de la famille Narboni, rapatriée d’Algérie en 1962.

Annie Musitelli ©Les Amis du Louxor

Source :  Officiel des spectacles (BNF) ; CNC, direction du cinéma, service du contrôle des résultats d’exploitation.

Notes

1- Le Louxor atteint son plus bas niveau de fréquentation en 1966 avec 153 054 entrées.
2- 453 560 spectateurs en 1968. 303 700 entrées en 1979 ; 274 750 en 1982 ; 195 580 du 1er janvier au 29 novembre 1983 (date de la fermeture de la salle).

 

 

Mardi 12 avril 2016 : projection du film « La Bataille d’Alger »

Séance organisée par l’A.P.A.H.S. (Association pour les activités autour de l’histoire à Sciences Po)

Mardi 12 avril 2016, le film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d’Alger, Lion d’Or de la Mostra de Venise en 1966, retrouvait le Louxor où il fut projeté à maintes reprises entre 1973 et 1983. La projection était suivie d’une discussion avec l’historien Elie Tenenbaum, chercheur au Centre des études de sécurité de l’IFRI, qui apporta un éclairage précieux sur le contexte historique.

Affiche site encyclocine.com

Affiche : site encyclocine.com

D’abord interdit en France, le film n’obtient son visa d’exploitation qu’en 1971. Mais à la suite de graves incidents (dont l’attaque du cinéma Saint-Séverin à Paris), il est retiré des écrans. Il refait surface lorsqu’il est projeté le 20 octobre 2003 sur la chaine Public Sénat puis ressort en salles en juin 2004 (1).
Pourtant, le film n’avait pas disparu totalement des écrans français. Il attira même les foules au Louxor en 1973 (14 800 spectateurs la première semaine) et continuera de le faire pendant les années suivantes. Jean-Pierre Leroux, qui avait assisté à l’une des projections de 1973 et dont nous avions publié le témoignage sur notre site, était présent mardi 12 avril. Il évoqua l’atmosphère passionnée qui régnait alors dans la salle dont l’assistance était essentiellement composée de spectateurs d’origine algérienne.

Le film s’inscrivait dans la nouvelle stratégie de programmation du Louxor qui, à partir de l’été 1967, baisse ses prix (2) et abandonne la programmation classique de Pathé pour renouveler son public en s’adressant désormais en priorité aux très nombreux immigrés installés à Barbès ou qui fréquentent le quartier. Ultime effort d’une salle de quartier mono écran pour survivre encore quelques années face à la baisse de fréquentation qui la menace (3).
Pari réussi puisque la fréquentation se redresse de manière spectaculaire (4) — pour quelques années du moins, avant que le nombre de spectateurs ne reparte à la baisse (5) jusqu’à la fermeture du Louxor le 30 novembre 1983.
En raison de son succès spectaculaire, La Bataille d’Alger reste deux semaines à l’affiche et sera programmé à plusieurs reprises.

Toujours en 1973, suivront Décembre, de Mohamed Lakdar Hamina, programmé deux fois cette même année, en juin et en décembre, et La Guerre d’Algérie, le documentaire d’Yves Courrière et Philippe Monnier.

Les années suivantes confirmeront la place de l’Algérie dans la programmation du Louxor.

©Les Amis du Louxor

Source :  Officiel des spectacles (BNF) ; CNC, direction du cinéma, service du contrôle des résultats d’exploitation.

Notes

1- On peut consulter notamment le dossier pédagogique Décolonisation, le cinéma face à la censure, réalisé pour le Festival international du film d’histoire de Pessac 2010, qui comporte de nombreuses références à des articles ou ouvrages sur le sujet.

2-Pendant l’été 1967, le prix des places passe de 5,30 et 6,30 francs à 2 francs (prix unique).

3- Le Louxor atteint son plus bas niveau de fréquentation en 1966 avec 153 054 entrées.

4- 453 560 spectateurs en 1968.

5- 303 700 entrées en 1979 ; 313 600 en 1980 ; 307 600 en 1981 ; 274 750 en 1982 ; 195 580 du 1er janvier au 29 novembre 1983 (date de la dernière séance).

 

L’Eden de Saint-Jean d’Angély sera reconstruit

Après l’incendie du cinéma Eden, élus et habitants se mobilisent pour reconstruire une salle de spectacles.

Nous remercions Françoise Mesnard, maire de Saint-Jean d’Angély, Christian Queyroix, président de l’association Eden, et l’architecte Nathalie Lambert, maître d’œuvre du projet, pour les informations qu’ils nous ont données.

Le samedi le 3 Mai 2014, un incendie ravage le cinéma Eden (1931) de Saint-Jean d’Angély en Charente-Maritime. La façade s’écroule sous les yeux des Angériens consternés et incrédules. En moins de deux heures, un magnifique exemple de cinéma Art Déco est un amas de ruines. [cliquez sur les images pour les agrandir]

L’Eden, construit en 1931 par André Guillon

L’Eden, construit en 1931 par André Guillon

3 mai 2014. Au-dessous de la partie écroulée, deux bas-reliefs sont intacts

3 mai 2014. Au-dessous de la partie écroulée, deux bas-reliefs sont intacts

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Farid El Atrache retrouve l’écran du Louxor

15 janvier 2016 : « Nuit égyptienne »

Le 9 novembre 1982, Francis Lacloche, fondateur de l’association Eldorado qui a mené, au début des années 80, une action énergique en faveur des salles de cinéma menacées de disparition, lançait dans Libération un appel à la mobilisation :
« La noble maison Pathé, qui fatigue un peu, ne sait pas très bien comment assumer Farid el Atrache et ses copains. Un tel lieu, ça vous défigure une maison respectable. Alors Pathé rêve de liquider le Louxor. Pas de chance, la façade est classée, sur l’initiative de quelques nostalgiques insolents. Alors Pathé pense en faire un supermarché ou un centre commercial, façade égyptienne incluse. Des autorisations de percements de portes supplémentaires ont été récemment obtenues. Spectateurs du Louxor ne vous laissez pas reprendre Farid et Oum ! Donnez votre fric à Pathé : tant de sentiments les feront peut-être fléchir ! »
Mais, on le sait, l’affaire était réglée. Exit Farid El Atrache et Oum Kalthoum. Par quel miracle le Louxor aurait-il échappé au sort des salles de quartier qui fermaient les unes après les autres ? Lui aussi, vendu à Tati, ferma le 30 novembre 1983. Mais on connait la suite … (voir la chronologie et la page Historique). Non seulement le cinéma est de retour au Louxor mais son directeur, Emmanuel Papillon, dose habilement dernières sorties (l’essentiel de la programmation) et films du patrimoine, français et étrangers. C’est ainsi que le 15 janvier 2016, Farid El Atrache, qui fut dès les années 30 une des stars de la chanson et du cinéma égyptien, retrouve l’écran du Louxor à l’occasion de la « Nuit égyptienne ».

NuitEgypteOKI

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« Folie passagère » : hommage au Louxor… ou contrefaçon ?

En cet automne-hiver 2015, nous avons vu apparaître sur nos étranges lucarnes, les mercredis soirs, une nouvelle émission animée par Frédéric Lopez, «  Folie passagère »  (France 2). Sa particularité, qui ne pouvait nous échapper, est que les panneaux décoratifs à l’égyptienne du fond du plateau où se déroulent les prestations de variétés sont des copies des grilles du plafond du cinéma Louxor.

Captures d'écran France 2 - émission Folie passagère

Captures d’écran France 2 – émission « Folie passagère »

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