La Mairie de Paris a eu la bonne idée, pour répondre aux questions que se posent les visiteurs, de faire poser dans le hall du Louxor une plaque évoquant les étapes essentielles de l’histoire du bâtiment.
Outre le caractère un peu succinct de cet historique, on permettra néanmoins aux passionnés du Louxor que nous sommes de regretter la grosse erreur du premier paragraphe ! Erreur qui avait d’ailleurs été signalée à la Mairie par Emmanuel Papillon, directeur du cinéma. Sans résultat à ce jour, comme on peut le constater ici :
Archives de l’auteur : Les Amis du Louxor
L’Art et Essai plébiscité à Barbès
Entretien avec Emmanuel Papillon
Après un an d’activité, le Louxor-Palais du Cinéma est désormais inscrit dans le paysage. Très vite, il a trouvé son public grâce à une programmation riche et variée, ponctuée de nombreuses « séances spéciales », dont certaines en liaison avec des associations de terrain. Mais la réouverture d’un cinéma dans un bâtiment historique de trois étages, à l’issue d’un long chantier, pose aussi des problèmes spécifiques. Nous remercions vivement Emmanuel Papillon de nous avoir reçus pour parler de cinéma, de patrimoine, mais aussi des ajustements et améliorations que l’équipe de CinéLouxor souhaite encore apporter.
Les décors du Louxor pour les nuls…
Le Louxor est sans doute l’un des seuls cinémas parisiens où le spectateur arrive armé de son appareil photo… Depuis que le cinéma a rouvert ses portes, on le fréquente, certes, pour la qualité de ses programmes mais pas seulement ! On y vient aussi pour prendre un pot sur sa terrasse accueillante avec vue panoramique sur la Butte Montmartre et pour découvrir l’exceptionnelle richesse décorative du lieu – colonnes de la loggia, mosaïques polychromes de la façade, décors de la grande salle. Mais si la beauté des décors nous enchante, leur signification reste souvent énigmatique pour le néophyte. Car architecte et décorateur ont puisé aux sources de l’Égypte antique pour en reproduire certaines formes et symboles. Pour nous aider à les repérer et les déchiffrer, Jean-Marcel Humbert nous offre ici une petite « grammaire de l’égyptologie ».
Quand le coq Pathé réveillait le monde
–C’est en 1930 seulement que Pathé rachète le Louxor, en même temps qu’une vingtaine d’autres cinémas parisiens du groupe Lutetia-Fournier. Le livre que vient de publier Stéphanie Salmon sur l’histoire de la maison Pathé de 1896 à 1929, années cruciales pour le développement de l’industrie cinématographique, constitue un éclairage précieux sur l’environnement dans lequel s’inscrit la prise de contrôle du Louxor par Pathé.
Le site des Amis du Louxor
Mis en avant
Ce site est le résultat des recherches menées par des membres de l’association (Jean-Marcel Humbert, Nicole Jacques-Lefèvre, Annie Musitelli, Michèle Alfonsi, Marie-France Auzépy) sur l’histoire du Louxor et de sa programmation. Par ailleurs, nous avons suivi, grâce aux visites de chantier sous la conduite des architectes Philippe Pumain et Christian Laporte, et aux rencontres avec les divers intervenants (restaurateurs et décorateurs, acousticien, scénographe, mosaïstes), toutes les étapes de la réhabilitation du bâtiment, depuis la présentation du projet par l’architecte Philippe Pumain en novembre 2008 jusqu’à l’inauguration du 17 avril 2013 (rubrique Le chantier du Louxor). Ce site constitue donc une base de données documentaire sur ce cinéma historique et son sauvetage. Depuis l’ouverture de la salle, les Amis du Louxor continuent à l’enrichir pour mieux faire connaître un lieu qui est à la fois un des plus beaux exemples de l’égyptomanie en France et un cinéma Art et Essai dynamique, ancré dans son quartier.
Un ouvrage collectif, Le Louxor-Palais du cinéma, par les Amis du Louxor et l’architecte Philippe Pumain, a été publié en juin 2013 par les éditions AAM (photo ci-contre).
Deux brochures réalisées par les Amis du Louxor (« Le Louxor-Palais du Cinéma » et « Le Louxor a 100 ans », éditée à l’occasion du centenaire du cinéma le 6 octobre 2021) sont également en vente à la caisse du Louxor.
Interview de Jean-Pierre Pagliano
Le Roi et l’Oiseau bientôt au Louxor
Jean-Pierre Pagliano, adhérent des Amis du Louxor, est historien du cinéma et critique de films d’animation. Grand spécialiste de Paul Grimault, il a publié en octobre 2012, aux éditions Belin, une véritable somme sur l’œuvre maîtresse de ce cinéaste, Le Roi et l’Oiseau. Le film va connaître début juillet une nouvelle sortie nationale dans une version numérique restaurée.
Le samedi 6 juillet, Jean-Pierre Pagliano présentera le film au Louxor à 14 heures puis signera son livre au bar à partir de 16 heures.
Le Roi et l’Oiseau est un classique du cinéma d’animation mais il a une histoire assez mouvementée. Pouvez-vous nous rappeler cette épopée ?
L’aventure de ce film occupe une bonne partie de mon livre… Je pourrais me contenter, ici, d’indiquer que son destin ressemble à celui du Louxor ! Le côté phénix : comme le « palais du cinéma » qui nous est cher, on a vu le film de Prévert et Grimault renaître, non pas de ses cendres mais de ses vestiges. Au départ, il y avait la volonté de réaliser ce qui devait être le premier dessin animé français de long métrage. Dès 1944, Paul Grimault et Jacques Prévert ont choisi d’adapter un conte d’Andersen, La Bergère et le Ramoneur, en développant considérablement l’action et le nombre de personnages, en y mêlant surtout leurs propres thèmes. Ce projet ambitieux a connu de grosses difficultés : le producteur, devant les dépassements de budget, a voulu terminer le film lui-même à la va-vite, à partir de 1950. S’en sont suivies des péripéties judiciaires, des polémiques dans la presse, et finalement des situations paradoxales : malgré une décision de justice, La Bergère et le Ramoneur est présenté au festival de Venise 1952, où il est primé. Il sort en 1953, désavoué par ses auteurs qui n’auront plus qu’un désir : refaire le film, en ne gardant qu‘une quarantaine de minutes de la version initiale. Ce sera encore une longue marche, après le rachat du négatif fin 1966 : recherche du financement, constitution d’une nouvelle équipe (avec quelques anciens, comme Gabriel Allignet et Philippe Landrot), et réalisation des nouveaux plans dans le petit atelier-studio de la rue Bobillot, qui n’a plus rien à voir avec Les Gémeaux, la société créée en 1936 par Grimault et le producteur André Sarrut. La version définitive, Le Roi et l’Oiseau, sort en 1980, auréolée du Prix Louis-Delluc, qu’aucun autre film d’animation n’a remporté. Ces dernières années, Le Roi et l’Oiseau n’était plus distribué en salles. L’actuelle sortie nationale en version numérique restaurée est donc un événement.