L’Eden de Saint-Jean d’Angély sera reconstruit

Après l’incendie du cinéma Eden, élus et habitants se mobilisent pour reconstruire une salle de spectacles.

Nous remercions Françoise Mesnard, maire de Saint-Jean d’Angély, Christian Queyroix, président de l’association Eden, et l’architecte Nathalie Lambert, maître d’œuvre du projet, pour les informations qu’ils nous ont données.

Le samedi le 3 Mai 2014, un incendie ravage le cinéma Eden (1931) de Saint-Jean d’Angély en Charente-Maritime. La façade s’écroule sous les yeux des Angériens consternés et incrédules. En moins de deux heures, un magnifique exemple de cinéma Art Déco est un amas de ruines. [cliquez sur les images pour les agrandir]

L’Eden, construit en 1931 par André Guillon

L’Eden, construit en 1931 par André Guillon

3 mai 2014. Au-dessous de la partie écroulée, deux bas-reliefs sont intacts

3 mai 2014. Au-dessous de la partie écroulée, deux bas-reliefs sont intacts

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Un autre palais du cinéma : le Barbès Palace

La découverte d’un élégant programme de 1921 par Bernard Meyre, collectionneur cinéphile et adhérent des Amis du Louxor, vient nous rappeler qu’existait, non loin du Louxor, un autre « palais du cinéma », le Barbès Palace.

Programme du 1er au 7 juillet 1921 (Collection Bernard Meyre)

Avec le beau Palais-Rochechouart (actuel Darty), le plus modeste Delta (Guerrisol), le Myrha (devenu église évangélique), le Gaîté-Rochechouart (Célio), pour ne citer que les cinémas les plus proches du Louxor, les habitants de Barbès n’avaient que  l’embarras du choix pour se distraire. Si la plupart de ces salles ont disparu ou sont devenues méconnaissables, une bonne surprise attend le visiteur qui franchit l’entrée du 34, boulevard Barbès : comment deviner, en effet, que derrière la façade banale du magasin de chaussures Kata, se cachent les beaux restes d’un des plus vastes cinémas de quartier parisien, le Barbès Palace, fermé en 1985 ?

Rideau de scène- magasin Kata 10 septembre 2012

Spectacle insolite, des centaines de paires de chaussures s’entassent dans un décor de théâtre d’une fraîcheur étonnante.

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Les cinémas parisiens disparus

Exposition de  photographies de Jean-François Chaput
Galerie Basia Embiricos, du 3 mai au 19 mai 2012

Nous avons évoqué dans un article précédent l’enquête du photographe Jean-François Chaput dont les photos du Louxor, prises le jour de la dernière séance du 29 novembre 1983, sont actuellement visibles sur les palissades du chantier. Mais le Louxor n’est qu’un des nombreux cinémas qu’il a photographiés entre 1982 et 1992 et  l’exposition proposée par la Galerie Basia Embiricos  permet  de découvrir (ou de redécouvrir) ces salles qui ont presque toutes disparu.

Cette photo a ainsi été prise quelques jours avant la fermeture du Paris, survenue le 25 juin 1985. Au programme de la dernière semaine, Flic ou voyou, de Georges Lautner.

Le Paris. 23, avenue des Champs-Elysées, Paris 8e (1985)

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Bruxelles : le Louxor inspire des cinéphiles

L’expérience du Louxor pourrait-elle faire école dans la capitale belge ? Ce qui est certain, c’est que des cinéphiles bruxellois suivent avec attention ce qui se passe carrefour Barbès et voient dans le sauvetage du Louxor un exemple à suivre. Nous avons été contactés par l’association 7ARTLA, actuellement mobilisée pour la défense du cinéma Arenberg. Son président, Patrice de Brandt, nous explique les raisons de cet engagement et dresse un rapide tableau de la situation de l’exploitation cinématographique  à Bruxelles.

Pouvez-vous nous parler de l’association 7 ARTLA ?
Nous sommes des cinéphiles, amoureux et défenseurs du riche patrimoine que représentent les salles de cinéma de Bruxelles et, plus généralement, de Belgique.
Nous nous mobilisons pour sauvegarder l’identité et la connaissance de l’industrie du cinéma (exploitation, programmation, distribution…), parfois oubliées. Nous avons recueilli un fonds très riche de tous les types de documents liés à l’univers des salles de cinéma de Belgique : photos, tickets, programmes, plans, témoignages, objets, matériels… Nous nous efforçons de le valoriser au travers de publications, d’expositions et de manifestations diverses (conférences, colloques…).
L’association 7 ARTLA veut aussi avoir un rôle protecteur lorsque ce patrimoine est menacé.
Vous êtes mobilisés pour la défense du cinéma Arenberg. Pourquoi ? De quel genre de cinéma s’agit-il ?

Photo : site du cinéma Arenberg

© Site du cinéma Arenberg

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Le Cinéma des Cinéastes

Entretien avec Arnaud Boufassa, directeur du Cinéma des Cinéastes

Après avoir rencontré Jean-Jacques Schpolianski, directeur du Balzac et Patrick Brouiller, président de l’AFCAE et directeur de plusieurs salles en banlieue parisienne, nous poursuivons nos entretiens avec les exploitants  de salles de cinéma Art et Essai pour qu’ils nous donnent leur sentiment sur l’ouverture du Louxor en 2013 et nous parlent de leur métier.

Le Cinéma des Cinéastes, situé 7 avenue de Clichy, dans le 17e arrondissement, est un cinéma d’Art et Essai qui dépend de l’ARP, (Société civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs), dont le siège social est à la même adresse. Il comporte trois salles dont la plus grande peut accueillir 315 spectateurs.

Arnaud Boufassa dans son bureau le avril 2011

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Entretien avec Patrick Brouiller, président de l’AFCAE

Patrick Brouiller est président de l’AFCAE (Association française des cinémas d’Art et Essai) et aussi responsable de salles de cinémas à Marly-le-Roi, Nanterre et Asnières (exploitée dans le cadre d’une délégation de service public). Avec le recul que lui donnent à la fois son expérience d’exploitant dans des villes sociologiquement diverses et sa connaissance du réseau Art et Essai, il était fort bien placé pour nous éclairer sur le rôle du directeur de salles notamment dans le cadre d’une DSP et pour nous donner son avis sur ce que pourrait être le cahier des charges d’un cinéma comme le Louxor. Nous le remercions pour la cordialité de son accueil et l’intérêt de ses propos.

Comment définiriez-vous le métier de directeur de salle de cinéma ?
Exploiter un cinéma d’art et essai, c’est être capable de mener de front toute une série d’actes : la programmation, l’animation, la définition d’une politique tarifaire et d’une politique des horaires offrant aux spectateurs des conditions d’accès satisfaisantes, la prospection de nouveaux publics (jeunes, scolaires), la communication.
Dans le cadre d’une délégation de service public, s’y ajoute une responsabilité supplémentaire. À partir du moment où l’ensemble des équipements est pris en charge par la collectivité, où il y a une volonté publique, un engagement d’argent public, il doit y avoir du côté du gestionnaire une exigence particulière. On ne prend pas en charge un lieu comme le Louxor pour y faire un travail routinier, pour ronronner. C’est un engagement culturel au service de la diversité et de la qualité.

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Le Balzac : défense et illustration de la salle de cinéma indépendante

Rencontre au Balzac avec Jean-Jacques Schpoliansky et Virginie Champion-Terreaux

À l’horizon de 2013, le Louxor s’ajoutera à la liste des cinémas parisiens. Certains n’ont pas manqué de s’interroger : les salles indépendantes des grands circuits ont-elles encore un avenir dans une ville où l’offre culturelle est déjà aussi riche ? Nous  avons souhaité demander leur avis aux premiers intéressés, les exploitants eux-mêmes, à la lumière de leur expérience personnelle d’acteurs de terrain et de militants d’un cinéma vivant et de qualité. Nous commençons par Jean-Jacques Schpoliansky, qui anime le Balzac depuis 1973. Il  nous a reçus en compagnie de Virginie Champion-Terreaux, sa  collaboratrice depuis 1994.

Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
Jean-Jacques Schpoliansky : J’étais « un cancre », d’abord !  Je suis bac-1… À la suite d’un accident survenu justement au moment du bac, j’ai dû garder le lit pendant un an. Ensuite, en 1965, je suis entré comme stagiaire chez UGC et j’ai petit à petit appris ce qu’était l’exploitation, puis la programmation. Car en 1967, j’ai été  chargé de la programmation en milieu universitaire. On ne parlait pas encore d’Art et Essai mais j’organisais par exemple des semaines du cinéma brésilien ou des cinémas de l’Est, etc. dans des salles situées sur les campus, comme les  cinémas  Ariel de Mont-Saint-Aignan ou de Grenoble.
En 1969, la direction d’UGC m’a confié la direction de trois salles à Tours, les Majestic, Palace et Cyrano ; j’avais 25 ans ; j’y suis resté un an. Puis j’ai été « débauché » par un  producteur, et pas des moindres, puisqu’il s’agissait de  Serge Silberman qui avait besoin d’un assistant. J’ai ainsi participé à la production de deux films,  Le charme discret de la bourgeoisie de Buñuel, et La course du lièvre à travers les champs de René Clément, et je  m’apprêtais à  travailler à un troisième (À nous les petites anglaises).
Mais mon père est décédé en 1973 et je lui ai succédé au cinéma Balzac.

Jean-Jacques Schpoliansky présente régulièrement les films aux spectateurs

Jean-Jacques Schpoliansky présente régulièrement les films aux spectateurs

Le Balzac était une entreprise familiale ?
Il a été créé par mon grand-père en 1935. C’était un cinéma de style Art-Déco. Il y avait un hall de 200 m² avec une conque marine, les bureaux de mon grand-père qui faisaient 100 m², et une salle de 630 places.
Avant la guerre, Le Balzac programmait des films américains : Frank Borzage, John Ford, tous  les films de Shirley Temple ; en majorité les grands films de la 20th Century Fox. Après la guerre, ce fut le tour du cinéma français. J’ai tous ces films en mémoire : Jour de Fête, Les Vacances de M. Hulot, La Ronde, Casque d’or, Gervaise, À  bout de souffle, Les Tontons flingueurs, etc. jusqu’à  La piscine de Jacques Deray dont Le Balzac, qui avait déjà cette pratique, avait organisé l’avant-première en présence des acteurs.
Mais  il y avait eu des bouleversements dans l’économie du cinéma, que mon père n’avait pas vus venir. En 1971, UGC, au départ une petite société d’économie mixte (État/privé), a été vendue à d’importants exploitants parisiens privés et est devenue une grosse « major ».
Dans le quartier des Champs-Élysées, avec la disparition des indépendants, mon père s’est retrouvé isolé. Lorsque j’ai repris Le Balzac en 73, j’étais donc face à  une seule salle et sans films.
Pourquoi « sans  films » ?
À partir du moment où les autres indépendants avaient disparu, on ne pouvait plus prétendre avoir le moindre film. Seul, je ne faisais pas le poids face aux grands groupes qui captaient tous les films.Je devais donc poursuivre plusieurs objectifs :
– Arrêter l’hémorragie : ne plus dépendre d’un seul film ! Pour cela, il fallait intervenir sur le cadre. J’ai  créé deux salles supplémentaires, à partir du hall et des bureaux de mon grand-père, sans perdre un mm3 du Balzac !  Avec trois salles, je pouvais augmenter le nombre et la rotation des films.

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