Dans notre rubrique Le Louxor comme décor
Traiter par la comédie un grave problème de société, celui de la drogue et de sa commercialisation, c’est le pari – gagné – du film de Jean-Paul Salomé, La Daronne (2020). Ce qualificatif dérivé de l’ancien français « daron » (père de famille puis patron) désigne depuis le début du XXe siècle, dans certains milieux, la mère de famille qui prend les décisions ; puis, par la suite, une « patronne » (dans le sens de tenancière de cabaret ou de maison close) et même par extension une cheffe de bande.
Plusieurs séquences du film ont été tournées à Barbès, dont une sous le porche du Louxor. Il est intéressant de connaître les circonstances de la conception et de l’écriture de cette scène, et des conditions du tournage avec ses difficultés. Pour cela, on dispose du dossier de presse, d’interviews dans les journaux, de celle de Jean-Pierre Salomé dans le petit film « La Découverte du roman La Daronne » (durée 21 mn, dans le DVD du film), et de celle d’Emmanuel Papillon, directeur du Louxor. Et surtout des commentaires de Jean-Paul Salomé qui vont des angles de prise de vue à la psychologie des personnages, des trouvailles développées lors du tournage au montage final, commentaires qui accompagnent la totalité du film dans une passionnante version parallèle que l’on trouve également sur le DVD (références de ces citations, en en respectant le caractère oral, sous la forme « CF, suivi du minutage »). Il y précise notamment que « le film n’a pas de studio du tout, on a toujours tourné dans de vrais lieux » (CF 7:40). « Je tenais beaucoup à cette vérité, à ces décors » (CF 45:15).